Let’s talk about
you and me

C’est un sentiment étrange que d’ouvrir le Parler sexe et d’en parcourir les pages. On sent toute la tension qu’il existe au sein de la société entre d’une part le tabou lié à la sexualité, et donc l’ignorance de chacun en la matière, et l’absolue urgence et nécessité d’éduquer les enfants dans leur vie relationnelle, affective et sexuelle, et ce dès leur plus jeune âge.

Parcourant les écoles françaises depuis des années, Israël Nisand, professeur de gynécologie obstétrique à Strasbourg et spécialiste du diagnostic prénatal, de l’IVG et des questions de bioéthique et d’éthique médicale, nous relate ainsi ses discussions avec les adolescent.es en matière de sexualité. Il ne cache rien, répond à tout, en abordant les aspects scientifiques, biologiques, et psycho-affectifs de chaque thématique. C’est précis, clair, adapté et sans tabou aucun. On prend connaissance sans détour des réponses qui sont apportées aux jeunes en matière de sexualité : homosexualité, IVG, pratiques sexuelles, masturbation, jouissance, inceste, questionnement sur le genre, violences sexuelles…

La plus-value de ces pages est bien celle-là : comprendre que nos adolescent.e.s sont nourris à pornographie et au sexisme. Avant tout car nous ne leur donnons pas les informations, tant nous estimons cela tabou. Ces pages démontrent à l’envi qu’ils sont remplis de questions à propos d’une sexualité basée sur une normativité violente véhiculée par l’industrie pornographique. Ces pages démontrent l’urgence absolue de créer des espaces de discussions pour aborder avec eux toutes ces notions et les déconstruire. C’est un formidable plaidoyer pour la généralisation de l’ÉVRAS dès l’âge de l’obligation scolaire.

Le contenu est d’autant plus à propos que la Belgique sort très progressivement d’un débat particulièrement violent en la matière, tant il a été l’otage d’une campagne massive de désinformation menée par des groupuscules extrémistes, intégristes et/ou liés à la complosphère. La France n’est d’ailleurs pas en reste, sans doute avec un débat public plus serein sur le contenu de leur programme d’éducation sexuelle, mais également le fruit très lisse de dix années de contestation violente de la part des milieux conservateurs liés notamment au mouvement de la Manif pour tous (désormais Syndicat de la famille). Une lecture obligatoire et d’utilité publique !

NB : afin d’éviter que cette tribune soit instrumentalisée, nous précisons que ce livre est destiné à tout adulte qui s’intéresse au débat sur la nécessité ou non d’une ÉVRAS. Il n’est absolument pas destiné à devenir une lecture pour les adolescent.e.s au sein d’un atelier d’ÉVRAS.