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Javier Milei
et le marxisme culturel

François Debras · Professeur associé à l’ULiège et maître assistant à l’HELMO

Mise en ligne le 20 mars 2024

Dans les propos de certaines personnalités d’extrême droite, le « marxisme culturel » renvoie à une théorie du complot. Selon celle-ci, des intellectuels ambitionneraient de renverser la société occidentale en menant une « guerre culturelle » contre les valeurs traditionnelles et chrétiennes. Féminisme, multiculturalisme, discrimination positive. La lutte contre le marxisme culturel est un des premiers points du manifeste d’Anders Breivik.

Photo © Facundo Florit/Shutterstock

Le « politiquement correct » est une attaque contre la liberté d’expression, contre toute pensée qui ne s’exprimerait pas au nom de l’égalité. La critique du marxisme culturel, c’est la croyance que des idées marxistes auraient infiltré et influencé les institutions sociales, culturelles, médiatiques et politiques afin de façonner la pensée des individus. Celles et ceux qui se lancent « en croisade » contre le marxisme culturel dénoncent la progression de certaines « idéologies » dans les écoles ou dans les médias : cancel culture, genre, intersectionnalité, droits en faveur des LGBTQIA+… Autant de menaces pour la stabilité de l’ordre social.

« Dans mon gouvernement, il n’y aura pas de marxisme culturel. Et le ministère de la Femme [sic], je l’éliminerai. Je ne vais pas demander pardon parce que j’ai un pénis », clamait Javier Milei en mai 2022. Élu en novembre 2023 avec 56 % des voix, le président argentin a supprimé le ministère des Femmes, du Genre et de la Diversité. Milei rejette l’existence du patriarcat, selon lui par manque de preuve empirique, et le fait qu’il y ait des inégalités salariales entre les femmes et les hommes : « Si c’était le cas, comme les maudits capitalistes exploiteurs ne veulent que gagner de l’argent, on ne verrait que des femmes dans une entreprise. »

Le président argentin souhaite également revenir sur la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse. D’après lui, elle « n’a pas été votée de manière équitable en raison de la faible qualité morale des hommes politiques argentins ». Sur la scène internationale, Javier Milei rejette l’« Agenda 2030 » (17 objectifs de développement durable adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en 2015) : « Ces politiques qui accusent les humains d’être responsables du changement climatique sont fausses, et la seule chose qu’elles cherchent est de lever des fonds pour financer des socialistes paresseux. […] Nous n’adhérons pas à l’Agenda 2030. Nous n’adhérons pas au marxisme culturel, nous n’adhérons pas à la décadence. »

Contre le salaire universel, contre la reconnaissance du travail communautaire, contre les allocations familiales, contre l’éducation sexuelle à l’école… Javier Milei dépeint une société argentine corrompue par des « rats » et une « caste parasitaire ».

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