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Le pseudo-expert
et la junk science

François Debras · Maître de conférences Université de Liège et maître-assistant à la Haute École libre mosane

Mis en ligne le 4 octobre 2023

Le conspirationnisme n’est pas absent des milieux « savants ». Le phénomène touche tous les secteurs et se retrouve aussi dans des publications scientifiques ou pseudo-scientifiques, également appelées junk science.

Photo © Master1305/Shutterstock

En 1998, en Grande-Bretagne, le docteur Andrew Wakefield publie une recherche établissant un lien entre le vaccin contre la rougeole-rubéole-oreillons (RRO) et l’autisme. Après treize années de saga judiciaire, le docteur est radié du registre des médecins et reconnu coupable de fautes graves commises pour en tirer profit. Il avait omis de préciser qu’il était expert-conseil dans un recours mené par un mouvement antivaccin et qu’il avait créé une entreprise pour développer un vaccin alternatif au vaccin RRO. L’enquête a aussi montré qu’il avait falsifié les dossiers de douze enfants ayant participé à l’étude. Récemment, un autre médecin médiatisé a eu des différends avec des collègues en critiquant un vaccin pour finalement reconnaître, en 2023, que les gens vaccinés meurent moins que les gens non vaccinés, et se déclarer en faveur d’une vaccination systématique pour le personnel soignant1

Arnaqueur, tartuffe, polémiste, lanceur d’alerte, complotiste ? Comment les distinguer ? La « nobélite » est une métaphore utilisée pour dénoncer la tendance de certains lauréats à s’exprimer sur des sujets éloignés du leur et à défendre des théories du complot ou pseudo-scientifiques. Linus Pauling, Nobel de chimie en 1954, pensait qu’il était possible de guérir du cancer grâce à la vitamine C. William Shockley, Nobel de physique en 1956, soutenait que les Noirs disposaient d’un QI inférieur aux Blancs. Nikolaas Tinbergen, Nobel de médecine en 1973, affirmait que l’autisme était causé par un manque d’affection maternelle. Kary Mullis, Nobel de chimie en 1993, pensait qu’il fallait enseigner l’astrologie et que le VIH ne causait pas le sida. Luc Montagnier, Nobel de médecine en 2008, croyait en la mémoire de l’eau, en la téléportation quantique de l’ADN, et il était convaincu que le coronavirus avait été créé à partir du virus du sida. Il semble parfois difficile à certains d’avouer « je ne sais pas »…

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