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Inspirer les jeunes,
c’est motivant !

Ellen Vandevijvere · Chargée de communication à deMens.nu

Avec la rédaction1

Mise en ligne le 28 avril 2023

On ne le répètera jamais assez, l’éducation constitue l’avenir de l’humanité. Ce sont les premières pierres de l’édifice moral et intellectuel du parcours d’un jeune en pleine construction. Et lorsque des enseignants motivés s’impliquent avec détermination dans leur mission, cela permet d’ouvrir l’esprit à d’autres horizon et de gravir les échelons de la citoyenneté active.

Photo © Ellen Vandevijvere

Goran Lowie, 23 ans, enseigne la morale non confessionnelle à l’athénée de Dixmude. En classe, il aborde les thèmes de l’éthique et de l’humanisme avec ses élèves. Il a acquis de l’expérience en aidant les jeunes à poser des questions liées à la communauté LGBTQIA+ par chat pendant les fermetures dues à la Covid-19. Selon le jeune professeur, la première chose à faire pour aider les jeunes, c’est d’oser se lancer !

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir professeur de morale non confessionnelle ?

En tant qu’étudiant, je trouvais déjà le sujet très intéressant. C’est une profession où différents thèmes et idées sont présentés, parfois même de manière contradictoire, et où sont posées des questions sur des sujets encore méconnus à cet âge. Raison pour laquelle j’ai eu envie d’enseigner cette matière, et cela fait maintenant deux ans que je travaille comme professeur. J’ai par ailleurs donné des cours de néerlandais pendant un moment, et c’était aussi agréable. Mais je sentais que je pouvais approfondir mon travail et avoir davantage d’impact sur les jeunes avec les cours de morale. C’est une matière qui permet d’enseigner de manière particulière, avec une certaine liberté au niveau des thèmes proposés et cela me convient bien. En plus, j’ai de la chance car j’habite près de l’école et je peux enseigner cette matière à plein temps.

Quelle est votre expérience en tant qu’enseignant jusqu’à présent ?

Fantastique ! C’est difficile, mais c’est très satisfaisant. Pendant ma période de stage, la perspective d’une carrière dans l’enseignement ne m’avait pas semblée très attirante. Je me suis même demandé si c’était fait pour moi. Mais un stage se déroule sur une durée limitée, avec un impératif de performance et la pression des évaluations. De plus, vous vous retrouvez face à des étudiants qui ne vous connaissent pas et vice versa. Maintenant que j’enseigne et que je peux décider moi-même comment je remplis mes cours, en combinaison avec une vision à long terme, j’adore ça ! Je travaille avec le même groupe d’étudiants depuis des mois et je les vois évoluer. Je trouve cela fascinant. Je me rends souvent compte de leur enrichissement. Quand ils prennent la parole, je suis vraiment fier de leur façon de s’exprimer.

« Je travaille avec le même groupe d’étudiants depuis des mois et je les vois évoluer. Je trouve cela fascinant. » 

© Ellen Vandevijvere

Avez-vous aussi vécu des périodes plus difficiles ?

Dixmude n’est pas forcément considérée comme une ville très ouverte à la diversité. Beaucoup de sujets, surtout avec certains groupes, sont très sensibles. S’engager dans cette voie-là peut être difficile. Quand je décide d’aborder des thématiques comme la migration et les LGBTQIA+, je sais que je dois passer plus de temps à en discuter. L’arrière-plan religieux a encore une grande influence sur la pensée de nombreuses personnes à Dixmude, malgré le fait que nous soyons dans un athénée. Il y a peu de personnes d’origine étrangère et la mentalité est assez conservatrice, du moins chez certains.

Pendant la période de la Covid-19, vous avez cherché d’autres moyens d’aider les jeunes. Qu’avez-vous tenté ?

J’ai remarqué que beaucoup de jeunes qui étaient confinés à la maison à ce moment-là éprouvaient des difficultés à entamer une conversation sur certains thèmes comme les personnes LGBTQIA+. Grâce à un ami, je me suis retrouvé sur une ligne d’assistance sur Internet, où les jeunes pouvaient discuter par chat afin de poser des questions, de recevoir des conseils ou simplement d’échanger sur leur orientation sexuelle. J’étais aussi confiné chez moi, de toute façon. Donc, je me suis dit : autant me rendre utile ! De plus, j’aborde souvent les thématiques LGBTQIA+ dans mes cours. Apporter mon aide avec le chat, tout comme enseigner, m’a donné beaucoup de satisfaction. J’ai ainsi pu offrir une oreille attentive à des jeunes qui ne se sentent pas bien dans leur peau et leur fournir des éléments auxquels se raccrocher. J’ai par exemple eu l’occasion de discuter avec une jeune personne qui était complètement perdue et qui se posait beaucoup de questions sur le genre. Nous avons discuté ensemble à plusieurs reprises et je l’ai vue passer de l’insécurité, voire de la panique, à la confiance et à la paix avec elle-même. Cette évolution a constitué pour moi une expérience très forte… J’ai été marqué. Certains de ceux qui cherchent de l’aide aident ensuite les autres à leur tour. C’est beau à voir. C’est bien d’apporter quelque chose aux jeunes. Et aux moins jeunes aussi, car pour les personnes âgées, c’est parfois encore plus difficile de ne pas se sentir dépassées. Elles ont eu certaines convictions tout au long de leur vie, et maintenant que les débats sur le genre sont devenus plus communs, les questions émergent également chez elles.

Avez-vous d’autres activités en tête en ce moment ?

J’encadre les scouts, qui sont toujours d’inspiration catholique. Il n’y a tout simplement pas d’option neutre en matière de mouvement de jeunesse ici. L’association évolue vers plus de neutralité, mais c’est une question sensible. Les réactions à un appel Facebook pour remplacer la chanson du soir par un texte alternatif dans une optique de diversité m’ont rapidement fait comprendre que le moment n’était pas encore venu pour cela. Actuellement, je suis principalement impliqué dans des projets en rapport avec la littérature, les nouvelles et la poésie, et il y a un lien avec mon métier. Je suis fan de fantasy et de science-fiction, car ce sont des genres pour lesquels il faut aussi avoir l’esprit ouvert. L’un de mes livres préférés est Les Dépossédés d’Ursula K. Le Guin. Il s’agit de l’histoire de deux planètes dont l’une est hypercapitaliste et l’autre anarchique. Dans le récit, quelqu’un passe de la première à la seconde. Ce n’est pas un plaidoyer pour une société ou l’autre, mais cela brosse un tableau nuancé des deux et fait réfléchir à différents thèmes. Le livre donne des idées auxquelles vous n’auriez pas pensé et met au défi de trouver des solutions à notre mode de vie et à chercher qui nous sommes aujourd’hui. Malheureusement, beaucoup de ces belles histoires ne peuvent être lues qu’en anglais. Parce que j’aime les partager et les utiliser dans mes cours, j’ai commencé à les traduire, et maintenant, je les publie dans un magazine. Il y a aussi des intrigues sur l’éthique des robots, l’empathie, le genre, l’identité culturelle, etc. Ce sont tous des thèmes qui sont inextricablement liés aux personnes et à leurs choix.

Supposons que vous souhaitiez vous consacrer à du bénévolat en tant que jeune, mais que vous ne sachiez pas par où commencer. Quels seraient vos conseils ?

Il y a tellement de façons de s’engager en tant que jeune. Souvent, cela peut sembler intimidant, mais je trouve surprenant de voir à quel point il est facile de s’investir. Le plus dur est simplement de franchir le pas. On voudrait tous rendre le monde meilleur, mais pour y arriver, on doit agir ensemble dans ce sens. Par exemple, un programme de chat comme le mien est une bonne idée, mais c’est aussi une question d’engagement. La première étape n’est pas la plus difficile à franchir, contrairement à la deuxième. Il est conseillé de toujours s’entourer de personnes qui vous soutiennent. Si vous souhaitez prendre une initiative, vous pouvez aussi contacter des organisations existantes pour leur demander si vous pouvez faire quelque chose pour elles. Elles seront nombreuses à vous accueillir à bras ouverts.

  1. Cet article est une adaptation en français de « Mooi om iets te betekenen voor jong én oud », 11e année, no 4, juin 2022. Il est publié ici avec l’aimable autorisation de deMens.nu.

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