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Le politique
et la désinformation

François Debras · Maître de conférences Université de Liège et maître-assistant à la Haute École libre mosane

Mise en ligne le 12 juin 2023

En janvier 2017, lors de son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump déclare : « Je suis en guerre contre les médias. » D’après le Washington Post, l’ancien président américain a tenu près de 22 000 affirmations mensongères durant l’ensemble de son mandat. Pendant sa campagne de 2020, il pouvait publier jusqu’à 40 tweets par jour. Perdant des élections, Donald Trump accuse ses adversaires de fraude électorale et pousse ses partisans à marcher sur le Capitole. Il faut renverser le deep state1 pour sauver l’Amérique.

Photo © Shutterstock

 

Les théories du complot ne se retrouvent pas « par hasard » (pour reprendre une formule qui leur est chère) sur nos écrans, dans nos fils d’actualité. Elles sont alimentées et partagées par des individus et des firmes qui les fabriquent et les diffusent. Les mensonges, les fake news, les théories complotistes apparaissent comme des outils au service d’une idéologie visant à simplifier le monde et les rapports de force, à dénoncer les pratiques ou la nature d’adversaires présentés comme responsables de l’ensemble des maux de la société. Donald Trump aux États-Unis, Jair Bolsonaro au Brésil, Matteo Salvini en Italie, tous utilisent les théories du complot en tant qu’éléments structurants de leur rhétorique. Par conviction ou par calcul électoral, dans leurs discours, les théories du complot permettent de diaboliser les opposants tout en présentant une vérité alternative au service de leur programme et de leurs propos.

En politique, si le complotisme est une accusation, c’est aussi la promesse d’un dévoilement. Il joue sur le sensationnalisme, le buzz, afin d’augmenter sa visibilité sur les réseaux sociaux. La propagande complotiste vise également à multiplier les contenus, les hypothèses différentes dans le but de noyer les critiques. À chaque événement défavorable, des contenus alternatifs sont proposés pour créer un chaos informationnel. En 2018, Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, explique ainsi vouloir inonder l’espace informationnel. Son objectif ? Désorienter les lecteurs des médias traditionnels et les démocrates. Steve Bannon ne souhaite pas convaincre mais déstabiliser ses ennemis tout en exaltant une pensée relativiste. « La » réalité n’existe pas. Il y a plusieurs réalités. Une sentence facile et qui clôt le débat.

  1. Fantasme d’une administration parallèle, d’un contre-pouvoir officieux, NDLR.

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