Une révolution mentale pour sauver les démocraties

C’est un livre indispensable qu’a écrit l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place Publique, groupe Socialistes et Démocrates). Sur la corruption et l’aveuglement d’une partie significative des élites politiques européennes d’une part. Sur la guerre contre nos démocraties livrée par le régime de Vladimir Poutine d’autre part. Et surtout, sur la résistance à mener.

Dans un style clair et vif, Raphaël Glucksmann revient sur les formes multiples d’ingérences russes. Des dizaines d’anciens chefs de gouvernement et ministres européens ayant été débauchés par les grandes firmes énergétiques russes. On se rappelle le précédent fatidique de Gerhard Schröder, suivi par de nombreux autres, de François Fillon aux ex-chanceliers autrichiens Christian Kern et Wolfgang Schüssel. Ils ont contribué à rendre l’Allemagne et d’autres États dépendants du gaz russe, et ont colporté le narratif russe sur l’Ukraine ou la Géorgie… Des hommes d’affaires proches de Poutine ont également sauvé Donald Trump de la faillite, en faisant leur obligé.

La corruption de la Cité a facilité la guerre menée contre elle. Dans la deuxième partie de son livre, l’auteur détaille l’idéologie du régime poutinien, ses motivations pour mener cette guerre, ses origines – une « rencontre de la pègre et du KGB » -, la construction de l’ « Internationale nationaliste » des partis d’extrême-droite européens, mais aussi l’aveuglement et les illusions des dirigeants européens face à Poutine, malgré la répression atroce de la Tchétchénie, malgré la guerre contre la Géorgie, malgré les horreurs de l’intervention russe en Syrie…

Le troisième « acte » de ce brillant essai est celui de la résistance. Résistance des Ukrainiens, d’abord et surtout, une « victoire de l’idéologie civique » sur le règne de la force brute. Raphaël Glucksmann poursuit par des lignes éloquentes sur la nécessité d’une révolution mentale, réhabilitant la politique, et montrant le prix de la démocratie et des libertés. Une thèse éminemment « réaliste », pour la pérennité de nos démocraties. Une lecture essentielle.