La tartine

Tension sur parole

Peut-on vraiment ne plus rien dire ou le dit-on mal ? Si tout le monde peut émettre une parole, diffuser largement une opinion grâce au Web, aujourd’hui, parler de la religion de mon voisin devient (trop) vite blasphème, et force est de constater que le sens donné aux mots est disparate. Chacun va s’informer à sa propre chapelle, et les journalistes sont relégués dans la sphère des « vendus » voire des « menteurs ». Bref, il n’y a plus de parole commune. Et donc plus de référent communicationnel sur lequel débattre pour s’accorder afin de construire notre monde ensemble. Si cette parole qui est censée nous unir, puisque les mots sont signifiants et outils de lien, si cette parole est dévoyée, disséquée, que l’on s’en offusque à chaque syllabe, n’est-elle pas au bout du compte, confisquée ? La tension est palpable autour de ces libertés durement arrachées. Dès lors, tirer la sonnette d’alarme relève de l’impératif, pour que la censure et l’autocensure ne deviennent pas de nouvelles dérives autocratiques de l’errance sociétale.