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Devenir citoyen.ne :
l’enjeu de la démocratie
participative à l’école

Propos recueillis par Sandra Evrard · Rédactrice en chef

  Mise en ligne le 29 août 2023

L’école, c’est aussi un lieu privilégié d’apprentissage de la citoyenneté. L’année prochaine, un certain nombre de jeunes voteront pour la première fois, notamment dès l’âge de 16 ans pour les élections européennes. L’enjeu est donc important et la démocratie participative s’invite bien entendu dans les classes pour préparer les élèves aux défis collectifs qui les attendent.
Une série en 6 épisodes.

Photo © Benjamin Brolet

Épisode 2 : Démocratie participative

L’année prochaine, les plus de 16 ans voteront aux élections européennes, un accompagnement est-il prévu au niveau scolaire ?

Chaque année, un appel à projets est consacré à la citoyenneté et à la démocratie de manière générale. Cette année, il y aura un volet spécifique sur les enjeux des élections parce que, effectivement, les jeunes à partir de 16 ans vont pouvoir voter aux européennes. Mais il y a aussi ceux qui ont déjà 18 ans et qui iront voter pour un quadruple scrutin si l’on inclut les élections communales. Cela fait évidemment partie des missions de l’école de leur permettre de poser des choix éclairés sur les élections avec des opérateurs qui ont l’habitude de traiter ces enjeux.

Un certain nombre de sondages indiquent un attrait grandissant pour les leaders autoritaires, voire pour l’extrême droite. L’école n’a-t-elle pas un rôle à jouer pour mettre les jeunes en garde contre ces dangers et les conscientiser ?

Au travers de nos référentiels du tronc commun certainement, mais on est en train de travailler sur l’après-tronc commun aussi. Évidemment, les enjeux concernant la démocratie sont clairement abordés en cours d’histoire, en cours de philosophie et citoyenneté, etc. Nos référentiels et nos programmes détaillent des contenus spécifiquement dédiés, complétés par ailleurs par des animations dans le cadre de notre fameux appel à projets sur la démocratie et la citoyenneté. Le travail de mémoire est quand même très actif dans nos écoles également. Mais personnellement, je vois surtout cela comme un enjeu d’éducation aux médias, principalement parce que les jeunes s’informent presque exclusivement sur les réseaux sociaux où tout et n’importe quoi circule, alors qu’il faut pouvoir faire le tri dans les informations que l’on reçoit. Raison pour laquelle nous proposons des contenus d’éducation aux médias explicités dans différents référentiels. Et pour donner un peu de corps et de structure à cela, nous avons publié avec le concours du CSEM (Conseil supérieur de l’éducation aux médias) un document thématique sur l’éducation aux médias. Je pense qu’il s’agit là d’un enjeu majeur, comme je le disais tout à l’heure en introduction : les élèves ont aujourd’hui accès à tellement de contenus qu’il faut surtout les aider à faire le tri, les accompagner dans leur réflexion, dans la construction de leur esprit critique, dans l’évaluation de la pertinence de leurs sources, de leur fiabilité, dans leur mise en perspective. Cela va être le gros du travail des enseignants dans le futur.

© Shutterstock

Vous l’abordiez à l’instant, il y a aussi la question de la démocratie scolaire, on a l’impression que cela fait partie d’un tout et que finalement c’est la culture scolaire qui doit subir une mutation…

Tout à fait, cela donne peut-être l’impression qu’on demande à l’école de prendre en charge de nombreuses missions éducatives, mais en fait nous sommes assez persuadés que c’est du temps de gagné par la suite sur les apprentissages parce que cela devient plus fluide. Cela permet de résoudre une série de petites tensions, de dénouer les choses, les conflits du quotidien, etc. Dans un climat de classe apaisé, on avance deux fois plus vite dans les apprentissages. Nous sommes persuadés que des liens existent entre démocratie scolaire, justice scolaire, climat scolaire, harcèlement… Je pense que c’est extrêmement important que chaque élève soit invité à participer au débat, parce qu’au-delà du fait que cela libère la parole et structure la démocratie, il peut aussi apprendre à travailler sur un projet, se donner les moyens ensuite de le concrétiser en respectant toutes les étapes requises. Quand on voit des pratiques de démocratie scolaire qui sont rodées, on se dit qu’il s’agit là d’un formidable apprentissage managérial. On peut avoir l’impression que tout le monde dit ce qu’il veut dans une grande assemblée libre, mais pas du tout : c’est très cadré, très structuré, et quand c’est pratiqué régulièrement, cela fonctionne à la perfection.

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