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Un nouveau tempo
pour l’école

Joëlle Lacroix · Secrétaire générale de la Fédération des parents et des associations de parents de l’enseignement officiel

Mise en ligne le 25 septembre 2024

À l’instar de la modification du calendrier scolaire annuel dans l’intérêt de l’enfant et dans le respect de ses besoins, la journée scolaire à l’école primaire construite il y a des décennies est aujourd’hui reconsidérée. L’idée fait son petit bonhomme de chemin et cette législature pourrait être décisive.

Photo © Serazetdinov/Shutterstock

Il s’agit d’une réforme importante, bien que complexe, qui touche à des pratiques scolaires et parentales bien ancrées et qui ne fait pas de prime abord l’unanimité. Pourtant, cette idée d’un allongement du temps scolaire, nous la défendons au nom de l’intérêt des enfants : nous sommes convaincus qu’un rythme de la journée scolaire réaménagé serait à même de mieux respecter les besoins physiologiques et sociaux des écolières et des écoliers. Et par conséquent, il favoriserait leurs apprentissages formels et informels, participerait à lutter contre l’échec scolaire et contribuerait à réduire les inégalités sociales que l’école peine toujours à compenser et à freiner.

Une journée d’école est structurée autour de périodes de cours successives avec peu de temps alloué au repos et à la récupération. Le temps de midi est trop bref pour être considéré comme une pause ressourçante et divertissante. Des horaires qui respectent les cycles biologiques de basse et de haute vigilance peuvent aider les élèves à être plus attentifs et réceptifs pendant les cours. Par exemple, il a été démontré que des moments de cours plus courts et entrecoupés de pauses régulières favorisent une meilleure rétention de l’information et réduisent le stress.

Des rythmes scolaires trop intenses qui débordent sur le temps familial laissent peu de temps aux enfants pour les activités extrascolaires, le repos et les interactions sociales qui sont pourtant cruciales pour un développement équilibré. Alléger l’école à la maison en intégrant des périodes de détente et de devoirs-leçons à l’école permettrait aux élèves de mieux gérer leur temps et de trouver un équilibre plus sain entre les exigences scolaires, les besoins personnels et la vie familiale. Quand l’enfant réalise facilement ses devoirs et leçons à maison, ce temps en famille est source de valorisation et bon pour l’estime de soi. Mais lorsqu’il lui faut un soutien pédagogique en raison de difficultés scolaires, ce temps peut générer des tensions, voire être délétère.

En allongeant la journée scolaire et en y intégrant les travaux d’apprentissage en autonomie – ce qui est finalement le but des devoirs et des leçons à la maison –, on favorise les apprentissages sous la responsabilité des enseignants dont c’est le métier. À l’inverse des parents qui n’ont ni le temps ni les compétences le plus souvent pour s’en occuper. D’ailleurs, à force de tensions, nombreux sont ceux qui cèdent à la tentation, quand ils le peuvent, de faire des devoirs à la place de leur enfant, ce qui est contre-productif.

Une journée allongée, des travaux scolaires en autonomie dans l’établissement, des activités sportives, culturelles, artistiques durant les heures de cours seraient de nature à réduire les inégalités sociales en offrant à tous les enfants du soutien scolaire supplémentaire et des exercices d’apprentissage non formel qui participent à leur épanouissement global.

Plus d’engagement de la part des élèves, des périodes d’apprentissage plus efficaces, un meilleur équilibre entre les activités scolaires et personnelles, une réduction du stress et de la fatigue, des effets positifs sur la santé mentale et physique, une baisse de l’absentéisme et des problèmes comportementaux : les bénéfices anticipés du changement de rythme journalier devraient largement compenser les fonds de culotte usés.

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