L’islam des Kouachi
sur le banc des accusés

Ce court essai est le texte de la suite de la plaidoirie au nom de Charlie Hebdo, prononcée par Richard Malka au procès des attentats de janvier 2015. Un texte court, dense, à lire par toute personne qui veut continuer à comprendre les racines du mal après Le droit d’emmerder Dieu. L’avocat nomme la « cause de la terreur » qui a frappé la rédaction de Charlie et l’Hyper Cacher, et tant d’autres lieux, à Paris, Nice, Bruxelles, dans de nombreux pays de culture musulmane… Pour lui, « l’accusé s’appelle Religion ». Il faut le regarder en face, le nommer pour pouvoir raisonner.

Au-delà de la dénonciation du mobile de ces crimes, et de l’impérieuse nécessité de le nommer – « une certaine vision de l’islam », rigoriste, dogmatique –, Richard Malka se lance dans un récit des origines de cette religion, qui ont vu s’affronter deux écoles. L’une, l’hanbalisme, est rigoriste, littéraliste. Elle est encore aujourd’hui celle des fanatiques. L’autre, malheureusement oubliée, est celle des mutazilites. Un temps dominante, cette école islamique mettait l’accent sur l’usage de la raison et le libre arbitre. Elle prônait l’adaptation de la religion à son époque. Cette tradition a été écrasée par l’« islam des Kouachi », qui cherche à éradiquer toutes les traditions plus tolérantes et libérales.

Rappelant la nécessité de la critique et de la satire et que « la religion est un sujet trop sérieux pour en laisser l’étude aux seuls religieux », il est clair que Richard Malka s’est abondamment documenté pour élaborer cette brillante plaidoirie, riche de réflexions sur le fanatisme, l’antisémitisme, et les manières de les combattre.