L’esprit humain,
un bien commun
à préserver

L’essai de Mark Hunyadi est une réponse urgente et fondamentale à la prédominance des technologies numériques sur la vie humaine et la menace que cela constitue pour l’autonomie et la liberté de penser. Inspiré par les traités des Nations unies sur les fonds marins, le philosophe et professeur à l’UCLouvain propose une charte pour protéger nos esprits de leur soumission à la rationalité numérique.

L’auteur défend l’idée que, tout comme nous protégeons juridiquement certaines ressources naturelles et le corps humain, l’esprit doit lui aussi être sauvegardé. Pourquoi ? Car, l’hyperconnexion, la domination des écrans, l’utilisation spontanée des systèmes d’IA, les bulles algorithmiques, etc. sont autant de phénomènes qui produisent une colonisation de l’esprit humain par le numérique. Le danger réside dans le fait que ce « devenir-cybernétique » altère la capacité de « contrefactualité » de l’esprit c’est-à-dire notre puissance à concevoir le possible alternatif, l’imaginaire et à subvertir le réel donné.

Mark Hunyadi propose ainsi de repenser notre rapport au monde tel qu’il est aujourd’hui façonné par la technologie et d’établir des normes universelles pour préserver la liberté cognitive. Il poursuit des travaux antérieurs, où il critiquait le « paradoxe moral de notre temps »¹, selon lequel l’éthique libérale des droits individuels tend à neutraliser les « capabilités » humaines au moyen de principes totalement acritiques. Dans le présent ouvrage, il reprend cette critique pour mettre avant le paradoxe de l’éthique du numérique telle que défendue par les législations européennes. Celles-ci protégeant les droits de l’individu avant tout en tant qu’usager du numérique et non en tant qu’humain. Comme s’il était désormais impossible de remettre en question le statu quo de la généralisation du numérique comme mode de vie.

La Déclaration universelle des droits de l’esprit humain propose donc une réponse à ce paradoxe en invitant à un cadre éthique collectif, engagé et critique à l’égard de ce nouveau monde numérisé et où l’esprit humain est valorisé en tant que patrimoine commun de l’humanité, nécessitant une protection universelle. Cette déclaration visionnaire invite à une prise de conscience globale de l’importance de l’esprit en tant que fondement même de l’identité humaine. Voilà une perspective audacieuse qui dépasse les discussions traditionnelles sur l’éthique numérique et propose des solutions à la fois juridiques et philosophiques pour garantir l’intégrité de ce bien inaliénable qu’est l’esprit humain, dans un monde en rapide mutation technologique​. Ce livre devrait plaire à toutes celles et à tous ceux qui veulent résister au monde aseptisé et stérile de ChatGPT.