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Le « péché originel » américain
François Finck · Délégué « Europe & International » au CAL/COM
Mise en ligne le 6 novembre 2022
Un autre regard sur l’Amérique : le sous-titre du livre du philosophe japonais Osamu Nishitani annonce fort bien son contenu. L’impérialisme de la liberté, qui tente d’apporter une réponse à la signification du terme « Amérique » et à son rapport à la liberté, est une œuvre originale et stimulante. Analyse historique de la « découverte » du Nouveau Monde par les Européens, de leur vision du monde de l’époque, cet ouvrage part d’une véritable enquête autour du « baptême » – celui qui créa l’Amérique en la nommant comme telle – par les Européens, et sur la signification propre qu’a acquise ce terme. La question essentielle sur laquelle se penche Osamu Nishitani est la suivante : pourquoi le nom « Amérique » n’en est-il venu qu’à qualifier les seuls États-Unis ? Comment ce pays a-t-il pu se l’approprier ?
Le livre explore l’imaginaire du Nouveau Monde comme terre vierge et espace de liberté pour les colons européens, fondateurs des États-Unis, où la liberté tant vantée a été fondée d’emblée sur le droit de propriété dans un « état de nature », sans être limitée par les États de la « vieille Europe » ni par les autochtones, exclus du système. En particulier, les chapitres sur les relations entre religion chrétienne et colonisation du Nouveau Monde, et les relations réciproques entre ces phénomènes sont passionnants, ainsi que celui sur la création des États-Unis et l’expansion du capitalisme.
Cette perspective d’un auteur extérieur à l’Europe sur cette partie de l’histoire mondiale est très enrichissante et ouvre des horizons. Écrit dans un style très lisible et clair, ce livre prouve également que l’auteur a un talent certain pour la synthèse, en abordant une grande variété de thèmes transversaux dans un ouvrage somme toute assez compact.
Osamu Nishitani, L’impérialisme de la liberté. Un autre regard sur l’Amérique, Paris, Éditions du Seuil, 2022, 336 pages.
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