Le fondement d'Irene

Après un premier ouvrage interrogeant la place de la violence dans la lutte contre le patriarcat, La terreur féministe, l’autrice espagnole Irene nous offre avec Hilaria des récits mêlant intime et politique. L’intime commence dès la première de couverture avec le nom « Hilaria », qui n’est autre que le prénom de son arrière-arrière-grand-mère, une femme du prolétariat au Pays basque espagnol, travailleuse, mère de sept enfants et socialiste. Une femme dont l’histoire a été effacée par le temps, qui revit au travers des engagements d’Irene, son arrière-arrière-petite-fille, militante féministe et anarchiste.

Cette histoire familiale est le fil rouge de ce livre, permettant ainsi à l’autrice d’introduire des théories politiques comme la lutte contre le capitalisme, la prison et le fascisme ainsi l’anarchiste. Irene aborde ces quatre thématiques avec son regard de militante féministe et affirme par exemple que « le fascisme est misogyne, il se positionne toujours contre les femmes, c’est son essence même. Un féminisme qui ne lutte pas contre est un féminisme vidé de son essence ». Ces chapitres détaillent en quelque sorte les traits du militantisme d’Irene, de ses raisons personnelles à ses lectures théoriques.

Le parti-pris de mêler théorie et intime est à saluer, qui plus est avec la plume efficace qu’on lui connaît. Mais il faut bien avouer que ce fil rouge manque un peu de liant et que lectrices et lecteurs peuvent le perdre. Ajoutons à cela la difficulté de préserver l’équilibre fragile entre le personnel et le pédagogique. Irene relève le défi en restant vraie, efficace et appuie son propos avec des références de qualité, mais on peut regretter le manque généré par le traitement de quatre thématiques en 160 pages. Face à cette éventuelle frustration, un conseil : consulter la page Instagram (irenevrose) que l’autrice féministe alimente régulièrement.