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Le climat et l’autruche

Une opinion de Jessica Delangre · Chargée de mission « Éducation permanente » à Canopea

Mise en ligne le 28 juin 2024

Un peu partout en Europe, l’extrême droite gagne du terrain dans les sondages, pendant qu’on assiste au détricotage de la plupart des politiques environnementales. Quels sont les liens entre ces deux phénomènes ? Et qu’avons-nous à craindre pour notre avenir ?

Photo © Omar Al-Hyari/Shutterstock

Le climato-négationnisme est une pratique qui consiste à nier activement l’existence du dérèglement climatique (ou son origine humaine, ou l’ampleur de ses conséquences) en répandant de fausses informations dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’un simple scepticisme : pour justifier le rejet de données scientifiques mettant en évidence le dérèglement climatique, les discours climato-négationnistes s’appuient sur diverses théories du complot plus farfelues les unes que les autres. Plusieurs études ont souligné des liens étroits entre climato-négationnisme, extrême droite et complotisme. L’utilisation de théories complotistes par l’extrême droite n’est pas nouvelle : au cours de l’Histoire, les discours complotistes ont été souvent associés à l’antisémitisme, notamment durant la propagande précédant la Seconde Guerre mondiale.

Le climato-négationnisme sert des intérêts politiques : ce discours est employé pour créer un contexte de discorde et se démarquer des partis qui incluent la lutte climatique dans leurs programmes. C’est le cas par exemple de Donald Trump qui a largement contribué à répandre des messages climato-négationnistes sur les réseaux sociaux.

L’accaparement du débat… au détriment de l’environnement

En focalisant les débats sur la question migratoire, l’extrême droite détourne l’attention des véritables enjeux qui menacent l’avenir de l’humanité : le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. De plus, nous constatons que les partis d’extrême droite s’opposent systématiquement à toutes les réglementations environnementales.

S’opposer à l’immigration tout en continuant de détraquer le climat, c’est aussi nier le fait que le dérèglement climatique et ses conséquences vont rendre certaines régions du monde inhabitables, entraînant le déplacement de millions de personnes. Allons-nous leur fermer la porte alors que nous sommes, avec d’autres pays occidentaux industrialisés, historiquement responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre qui causent ce dérèglement ? Ou allons-nous enfin assumer nos responsabilités, en développant la solidarité et en mettant un terme aux pratiques néocolonialistes par lesquelles nous continuons de piller les ressources des pays du Sud ?

La diversité, la clé de la résilience

L’écologie nous apprend que des populations animales génétiquement diversifiées et bien connectées entre elles peuvent plus facilement s’accommoder aux changements de leur environnement que des populations isolées génétiquement et géographiquement. C’est d’ailleurs à cause de la fragmentation des habitats naturels, qui entrave leurs déplacements, que certaines espèces ont bien du mal à s’adapter au réchauffement climatique. Il en est de même pour l’être humain, qui appartient aussi (il est bon de le rappeler) au règne animal, avec comme particularité qu’une grande partie de nos comportements sont acquis plutôt qu’innés ; la diversité culturelle joue donc un rôle important.

Face au dérèglement climatique, nous devrons nous adapter et transformer en profondeur nos modes de vie. Nous devrons faire preuve de créativité et d’ouverture d’esprit, qualités incompatibles avec le repli sur soi prôné par l’extrême droite. Seule la rencontre de différentes visions du monde et manières de penser nous permettra de trouver des solutions créatives pour fonder ensemble un futur désirable.

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