Kafka et la fillette

Né un 3 juillet, voici 140 ans à Prague, Franz Kafka demeure l’un des écrivains les plus marquants de l’histoire de la littérature. Régulièrement cité pour évoquer les situations ubuesques dans lesquelles nous sommes quelquefois plongé.e.s face à l’absurdité administrative ou à l’arbitraire, son nom, sa vie, nous entraînent ici dans une histoire plus intime et empreinte de sentiments.

L’histoire de ce joli livre se déroule à Berlin en 1923. Kafka vit une liaison intense avec Dora Diamant, une institutrice de 25 ans. C’est elle qui raconte d’ailleurs cette (vraie) rencontre dans un parc entre l’écrivain et une petite fille, alors que celle-ci est en pleurs suite à la perte de sa poupée.

Pour consoler la fillette, Kafka lui raconte que sa poupée n’est pas perdue, mais qu’elle est partie en voyage et qu’elle lui écrira des lettres narrant ses aventures, Kafka assurant bien entendu cet échange épistolaire qui redonne vie à l’objet perdu. En bout de course, la poupée finit par s’émanciper de son ancienne propriétaire, dans un acte d’amour et de choix de destinée.

Difficile de ne pas y voir une ode à la liberté, mais aussi à la nécessaire rupture qui précède les envols qui marquent la vie. Pour vivre et construire autre chose, comme pour mourir… Kafka souffrait en effet d’une tuberculose chronique qui l’emporta en 1924. Cet épisode montre également une autre facette de l’auteur, souvent décrit comme sombre, voire dépressif.

Ce livre s’adresse aux enfants au travers d’une histoire illustrée qui leur parle. Une manière astucieuse de conscientiser les bambins aux grands noms de la littérature, ce que l’on trouvait déjà concernant des artistes dans d’autres collections. Le dessin d’illustration est à la fois tendre, délicat et sans fioritures. Une belle histoire à leur raconter le soir pour leur donner le goût d’aller peut-être plus loin, plus tard dans leur vie de lectrice ou lecteur, vers les œuvres de ce géant de la littérature.