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Gionathan Lo Mascolo

Droite chrétienne :
un dangereux agenda
pour la planète

Propos recueillis par Sandra Evrard · Rédactrice en chef

Avec la rédaction

Mise en ligne le 28 juin 2024

Nous pensions avoir définitivement acquis nos droits et libertés au siècle passé et soudainement, ceux-ci s’étiolent sous nos yeux. Vous êtes-vous déjà demandé d’où venaient les idées et valeurs conservatrices qui fleurissent dans nos démocraties libérales ? Le politologue Gionathan Lo Mascolo, auteur du livre The Christian Right in Europe, a mené une enquête approfondie sur les groupes religieux très conservateurs qui surfent sur la croissance de l’extrême droite à travers le monde et révèle l’agenda caché de ces mouvements.

Photo © Lena Ivanova/Shutterstock

Nous observons que depuis une décennie environ, les valeurs et les groupes conservateurs sont en hausse, mais ce que révèle votre ouvrage, c’est que cette tendance est bien plus importante qu’il n’y paraît. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Les liens entre les groupes chrétiens de droite et l’extrême droite ont constitué l’élément politique le plus marquant de mes découvertes lors de cette recherche. Cela est perceptible depuis dix à vingt ans et c’est directement rattaché à la montée des partis d’extrême droite. Cette dynamique est donc liée à deux éléments : le succès de l’extrême droite et la propension à la banaliser ces dernières années, en accueillant ce courant comme une opinion politique acceptable, éludant son côté tabou depuis la Seconde Guerre mondiale. Et l’une des stratégies de sa normalisation réside dans l’utilisation de la religion. Autrement dit, l’extrême droite se sert des symboles et du langage religieux qu’elle normalise pour atteindre des électeurs conservateurs et leur indiquer qu’ils sont les gardiens des valeurs religieuses conservatrices. Cela est en cours à travers l’Europe, c’est une stratégie partagée qu’on nomme le « hold-up des religions ». Les questions que l’on peut se poser sont celles de l’impact de cette stratégie sur les groupes religieux. Sont-ils eux aussi influencés par l’extrême droite, tombent-ils dans le panneau ? Nous observons que parallèlement à une « sacralisation » du politique, dans la sphère religieuse, il y a également une politisation et encore plus une radicalisation de l’opinion politique. Nous avons donc là deux phénomènes concomitants, et le résultat réside dans une plus grande influence de la droite chrétienne en Europe. Malgré les différences culturelles, religieuses et politiques sur le plan de la tradition historique en Europe, l’impact est, d’une manière surprenante, similaire partout. En Hongrie et en Pologne – même si aujourd’hui c’est différent en Pologne, le PiS est encore majoritaire –, la pratique de la religion, la collaboration entre l’extrême droite et les religieux conservateurs ont abouti à une instrumentalisation de la justice et à une démocratie illibérale.

Gionathan Lo Mascolo (dir.), The Christian Right in Europe: Movements, Networks, and Denominations, Bielefeld, Transcript, coll. « Political Science », volume 129, 2023, 388 pages.

Actuellement, la Pologne est toujours l’un des pays les plus religieux en Europe. Elle se situe vingt à trente ans derrière les autres États européens en matière de sécularisation, bien que le mouvement soit en marche ; ce n’est pas le cas de la Hongrie. Ce que l’on note aussi, c’est que ces mouvements constituent un boulevard pour les idées d’extrême droite. Ils importent par exemple des opinions négatives à propos de la cancel culture, du wokisme, mais également une « panique trans ». Autrement dit, ils sont responsables de l’importation de ces problématiques culturelles au nom de l’extrême droite. Ils observent ces tendances venues des États-Unis et les adaptent ici, et ils exportent aussi certaines théories européennes telles que celle du grand remplacement. Autre point : la justice. On note des influences sur le plan des lois et de la législation, en Europe et au-delà. Citons comme exemple l’Italie qui a récemment permis aux activistes anti-avortement d’entrer dans les cliniques à la suite des pressions religieuses. En dernier lieu, un autre point sur lequel on peut observer leur influence, c’est celui de la guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine. L’influence de l’idéologie Russkiy Mir, un concept basé sur une idéologie chrétienne qui estime que la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie font partie d’un ensemble commun à l’instar de la Trinité, Dieu, Jésus et le Saint-Esprit. Dans ce contexte, la Russie se voit comme la gardienne qui doit empêcher l’Ukraine d’être influencée par les valeurs sécularistes de l’Europe de l’Ouest, notamment concernant les questions de genre ; la Russie devant dès lors sauver la chrétienté en Ukraine. Ces arguments ont d’ailleurs servi à vendre la guerre aux populations russes.

Quelle est la prégnance de ces idées conservatrices dans la population européenne ?

Tout cela change la signification des idées conservatrices, cela devient plus agressif. Cela modifie par exemple la manière dont les gens voient le lien entre l’État et l’Église, mais aussi la démocratie libérale, la tolérance envers les minorités, tout comme la façon dont la population aborde les problèmes et les solutions, ce que l’on nomme la « guerre culturelle ». La droite chrétienne pousse ces sujets dans le débat public, car ça permet de mettre en avant les problèmes, dans le but d’y apporter une prétendue solution fondée sur les différences entre les gens. Il ne s’agit donc plus de résoudre un problème, mais de diviser les gens, ce qui rend finalement la cohésion sociale impossible.

Les travaux de Gionathan Lo Mascolo portent sur l’intersection de la religion, de la politique d’extrême droite et de l’érosion démocratique en Europe

© Séverin Wollheben

Pourriez-vous décrire plus précisément les liens existants entre ces groupes conservateurs qui fleurissent partout dans le monde et l’extrême droite ?

Ce lien est compliqué. L’Europe possède une certaine tradition concernant la manière dont l’État et l’Église, la politique et la religion devraient se mélanger ou non. En France, la laïcité est inscrite dans la Constitution ; dans d’autres pays, il s’agit plutôt d’une collaboration entre Église et État, par exemple en Allemagne, avec la neutralité positive. Il existe donc différents modèles. Mais ce que l’on observe partout en Europe, c’est qu’il y a un rapprochement entre les mouvements et partis d’extrême droite. Ces derniers se rapprochent de la religion chrétienne, mais sans vouloir paraître trop religieux, car une grande partie de leurs électeurs sont laïques et une petite partie d’entre eux sont mêmes athées et païens. D’autre part, certains leaders ultra-religieux souhaitent travailler avec l’extrême droite, mais ils doivent se rendre compte qu’ils ne seront pas forcément soutenus par leur hiérarchie, notamment en ce qui concerne l’Église catholique, et qu’ils peuvent être réprimandés pour cela. Donc l’une des façons de procéder, c’est d’utiliser la plateforme anti-genre pour asseoir leurs idées conservatrices, pour négocier et faire du lobby ensemble afin de pousser au changement politique dans un sens anti-libéral. Ces idées et plus spécifiquement la professionnalisation de ces réseaux proviennent clairement des États-Unis. C’est ce point-là qui est nouveau.

S’agit-il seulement de chrétiens ?

On utilise l’expression « droite chrétienne » et non « droite religieuse », parce que le nationalisme chrétien en Europe est fortement basé sur un racisme anti-musulman. On observe aussi de l’antisémitisme, mais cela ne provient pas des mêmes sphères, ils ne sont pas connectés.

C’est l’une des obsessions de ces courants : l’immigration et particulièrement les immigré.e.s d’origine musulmane. S’agirait-il notamment de préserver des valeurs chrétiennes, mais aussi une forme de supériorité de civilisation et de recourir à un récit chrétien nationaliste ? Pourriez-vous nous en dire plus ?

Ces courants sont en effet très focalisés sur des idées anti-islam et sur le racisme. Ils voient l’islam comme une menace contre leur cadre de valeurs. Il ne s’agit pas de la religion, mais d’un marqueur identitaire sociétal. C’est une affirmation culturelle de la religion : « Ici, nous sommes chrétiens. » C’est basé sur l’idée d’un clash de civilisations. Selon ces courants, si tout un chacun reste chez soi, tout va bien. L’Europe est censée être chrétienne et le monde arabe, musulman. C’est une stratégie qui vise à éluder le tabou d’être attaqué pour racisme. Chaque État a sa stratégie d’utilisation de ces idées, avec des slogans propres, par exemple : « Être Polonais, c’être catholique. »

Pourriez-vous également expliquer le sionisme chrétien et les croyances qui en découlent, ainsi que l’importance accordée à cette croyance par la droite chrétienne ?

Le sionisme chrétien est une idéologie politique religieuse qui, dans le contexte chrétien, en accord avec une prophétie biblique, prévoit le retour des Juifs sur la Terre sainte, ce qui permettra enfin le second retour du Christ. Le retour des Juifs constitue une condition pour l’arrivée d’Armageddon et ensuite l’Apocalypse, qui restaurera la chrétienté. Il faut savoir que le sionisme chrétien est bien plus important que le sionisme juif. Mais ce mouvement n’est pas aussi majeur en Europe qu’aux États-Unis parce que les évangélistes sont moins représentés sur le Vieux Continent.

C’est par exemple pour cela que le changement d’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem n’est pas suivi en Europe. La droite chrétienne en Europe est un sujet peu abordé. Si l’on regarde l’histoire européenne des six cents dernières années, les personnes qui se sont opposées au dialogue œcuménique sont généralement des ultra-conservateurs chrétiens. Le conflit des nominations en Europe a orienté une grande partie des faits politiques. Prenons l’exemple de l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

Certains historiens disent qu’elle a été possible parce qu’au Parlement allemand, les conservateurs catholiques et protestants ne voulaient pas travailler ensemble. En collaborant, ils auraient pu l’arrêter. Mais ce qui est étonnant, c’est qu’aujourd’hui, ils travaillent de concert. Les conservateurs chrétiens, évangélistes, protestants et orthodoxes se sont liés car la droite chrétienne n’est pas axée sur la théologie : c’est une idéologie politique, une stratégie pour gagner du pouvoir et de l’influence dans la sphère publique. C’est vraiment un élément important à retenir !

Pourquoi ces groupes veulent-ils prendre le pouvoir finalement ?

Les différentes Églises à travers l’Europe ont perçu la sécularisation du continent comme une perte d’influence, sur le plan politique, mais aussi sur la société. C’est un point sensible pour elles. Elles souhaitent l’arrivée d’une rechristianisation de l’Europe, une nouvelle ère de la foi. Pourtant, ces mouvements n’ont pas d’influence sur la foi, cela n’a pas empêché la sécularisation progressive de la Pologne, et même la Russie est finalement très sécularisée. D’après les dernières statistiques, seulement 9 % des Russes vont à la messe le dimanche. C’est davantage un problème identitaire. Ils essaient de compenser leur perte d’influence sur la société en en gagnant en politique. On sait que chaque fois que la droite chrétienne séduit l’extrême droite, cela a un impact négatif sur les Églises qui perdent de l’influence et leur crédulité dans la société car en fin de compte, l’utilisation de la religion par les partis d’extrême droite aboutit à une sécularisation des symboles chrétiens. Donc l’extrême droite a plus à y gagner, parce que cela ne fonctionne pas pour rechristianiser la population. Ils ont des valeurs communes, mais en s’associant, on n’a pas observé que cela entraînait une renaissance de la religion en Europe, c’est de l’instrumentalisation de la part de l’extrême droite que de faire croire le contraire.

Dans quelle mesure l’Europe est-elle concernée par ce phénomène ? Quels sont les pays européens les plus touchés par ces mouvements ?

Les religieux intéressés par le pouvoir sont minoritaires dans leur Église et il n’y a d’ailleurs pas d’Église chrétienne de droite. Si l’on regarde les églises catholiques en France, en Allemagne, les protestantes en Scandinavie, les membres qui ont des velléités politiques sont minoritaires. Et dans les partis d’extrême droite, la droite chrétienne est aussi minoritaire et utilisée en tant que vecteur de normalisation. Leur force provient de leurs réseaux transnationaux et du fait qu’ils sont terriblement bien connectés les uns aux autres. Ils sont passés maîtres dans l’usage des stratégies numériques et ils bénéficient de gros soutiens financiers et apprennent les uns des autres, notamment dans des échanges lors de forums internationaux comme « Welcome Brussels Families », « Agenda Europe », « Forum of Conservative Values ». Leurs connexions sont donc à la fois numériques et physiques. De plus, ils surfent sur les tendances sociétales telles que les thématiques axées sur le genre, autrement dit, ils emploient tous les outils populistes, tout en n’étant pas tenus de se confronter à la complexité des compromis politiques, car ils ne travaillent que sur les sujets qui les intéressent.

Avec l’accroissement de la représentativité de l’extrême droite au niveau européen, la pression sur la législation augmente.

© Symbiot/Shutterstock

Mais ils ont de l’influence sur l’agenda européen, en revanche ?

En effet. La société civile au sein du Parlement européen est très consciente de cette influence. Et avec l’accroissement de la représentativité de l’extrême droite au niveau européen, cela augmente la pression sur la législation, à l’instar de ce qui se passe à l’échelle nationale.

Quelles sont les sources de financement de ces groupes ?

Il y a quatre grosses sources de financement. La première provient de millionnaires américains qui financent le parti républicain ainsi que des associations européennes et américaines qui ont pignon sur rue en Europe. La deuxième repose sur le même principe, côté russe, avec de riches oligarques qui financent des groupes en Europe, notamment dans le domaine de la désinformation, dans le but de déstabiliser et diviser l’Europe pour des raisons géopolitiques. Le troisième pôle de financement est issu de riches aristocrates européens provenant d’Allemagne et d’Autriche. Et les petites donations émanant d’États constituent la quatrième source de financement. Quand l’extrême droite arrive au pouvoir, elle finance des cliniques ou des groupes de désinformation concernant la grossesse et les possibilités légales d’avortement, par exemple. On retrouve cela en Italie, en Espagne.

En Hongrie, le gouvernement crée des « ONG » pour orienter la population sur leurs droits, mais bien entendu dans le sens voulu. Ce qui est intéressant concernant les donateurs américains et russes, c’est qu’ils proviennent aussi du secteur pétrolier et gazier. Ils utilisent donc également leur argent et leur influence dans les mouvements d’extrême droite et de droite chrétienne pour affaiblir le Green Deal. En d’autres termes, ils manipulent les croyants pour servir leurs propres pouvoirs et intérêts. Ce sont par conséquent des personnes qui veulent peser sur l’agenda géopolitique et qui sont mues par des valeurs conservatrices, particulièrement axées sur les questions de genre, qui souhaitent le maintien de familles traditionnelles, avec les femmes au foyer et n’ayant pas le contrôle sur leur corps ; c’est donc multifactoriel.

Ces groupes utilisent le paysage médiatique, surtout lorsqu’ils en ont le contrôle, par exemple en créant leurs propres radios, mais ils agissent aussi fortement dans l’ombre. C’est une stratégie quelque peu surprenante.

Ils veulent toucher les gens, atteindre leurs consciences, faire connaître leurs idées, mais ils œuvrent également dans l’ombre, car ils ne veulent pas que l’on sache comment ils sont financés. Leurs médias ont donc toujours l’air locaux, emploient des gens du cru, cela a systématiquement l’air d’être basé sur des intérêts citoyens et tenus par des citoyens inquiets de la décrépitude des valeurs traditionnelles. Donc bien entendu, ils ne souhaitent pas que l’on sache que des financements proviennent du secteur de l’industrie pétrolière et de la corruption. Mais pour changer la politique, il faut en premier lieu changer les mentalités des gens et leur culture. C’est une tactique développée par la Nouvelle Droite en France et du marxiste italien Antonio Gramsci, qui affirmait en effet qu’il convient d’abord de changer la culture avant de changer la politique, durant les années 1960-1970.

Vous évoquez aussi le concept de uncivil society concernant ces fausses organisations qui singent les valeurs et fonctionnements du secteur associatif. Pourriez-vous nous en dire davantage ?

Ces mouvements utilisent des ONG et leurs modes de fonctionnement pour cacher leur collaboration avec l’extrême droite, pour casser la séparation entre l’État et la religion, et ils emploient une terminologie particulière qui fait référence à la famille, à la dignité, aux droits des enfants et à leur sécurité, propre aux pro-life. Parallèlement, ils ont recours à une autre tactique basée sur la sécularisation : ils proposent toujours leurs idées religieuses, mais sous un vocable laïque. Ils emploient par exemple les termes « droits », « lois », « justice », « droit à avoir son opinion », ce qui est le propre de la laïcité. Ils n’hésitent pas non plus à se pourvoir devant les tribunaux et à utiliser la loi, la démocratie, en les dévoyant pour pousser leurs idées illibérales. Leurs ONG ont des noms évocateurs comme « Alliance Defending Freedom ». Ils essaient de toucher tout le monde et pas seulement les chrétiens conservateurs. En Hongrie, cela va plus loin, car l’État lui-même crée des ONG de ce style pour faire croire que cela vient des citoyens.

Comment voyez-vous l’évolution de ces courants fondamentalistes chrétiens ?

L’évolution de la droite chrétienne est fortement liée à celle de l’extrême droite. Dans chaque pays où cette dernière a augmenté, l’on observe une croissance de ce type de conservatisme. Malheureusement, la sécularisation n’empêche pas ce phénomène. Il n’y a pas assez d’efforts faits pour contrer ces narrations. Il y a un grand manque de collaboration transnationale provenant des personnes qui s’opposent à cette droite chrétienne, et l’on ne peut pas lutter contre elle à un niveau national puisqu’il s’agit d’un groupe international, ça ne fonctionnera pas. Il faut de nouvelles alliances et stratégies. Et bien entendu, davantage de financements. C’est le nerf de la guerre : nous avons besoin de plus qu’une alliance de paroles, il faut des moyens pour renforcer la société civile et la démocratie.

Les citoyen.ne.s ne semblent pas se rendre compte de ces dangers, n’est-ce pas ?

En effet. Lorsque les législations sont par exemple modifiées dans une optique anti-genre notamment, les gens pensent qu’il s’agit seulement de rumeurs, que ce n’est rien, que c’est un droit de luxe. Mais ce n’est pas rien, c’est un droit fondamental, une attaque contre la démocratie. On le voit en Hongrie, en Pologne et on remarque la même chose en Turquie, en Israël, en Inde, c’est un phénomène global. Partout où ils prennent le pouvoir, la démocratie meurt. Pas à cause d’une révolution ni d’un coup d’État, mais pas à pas, jusqu’au moment où les gens n’ont plus de droits du tout.

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