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Un p’tit mec
bien dans ses baskets
à paillettes
Amélie Dogot · Secrétaire de rédaction
Mise en ligne le 29 septembre 2025
Impossible de te dire comment faire pour réussir ta vie : chacun a ses critères et ils sont très subjectifs. En revanche, voici quelques pistes pour tenter d’être quelqu’un de bien, le genre d’homme qu’on pourra qualifier d’allié car il est là pour soutenir les personnes qui en ont besoin. »
Si, comme moi, vous avez grandi dans les années 1990, vous vous souvenez peut-être de ces manuels d’éducation sexuelle qui ne traitaient quasi que de biologie. Heureusement, l’eau a coulé sous les ponts et les éditeurs ont commencé à proposer des outils bien plus riches, abordant notamment les émotions, le consentement et les relations égalitaires. Y’a plein de manières d’être un garçon est un véritable outil de lutte contre la masculinité toxique. Ce guide s’adresse aux jeunes adolescents (11-15 ans) pour les aider à déconstruire les stéréotypes liés à la masculinité et à s’interroger sur leur identité et leurs relations avec les autres.
Après de nombreux ouvrages féministes destinés aux filles pour les encourager à s’affirmer, ce manuel est crucial car il incite les garçons à devenir des alliés et à s’imprégner de valeurs égalitaires dès leur adolescence. Les chapitres thématiques (sur l’identité, le corps, les sentiments, les autres et moi, les comportements, le futur et la culture) montrent qu’il n’existe pas qu’une seule manière d’être un garçon, et que la bienveillance et l’empathie sont des qualités essentielles à cultiver.
Thomas Messias, auteur également d’À l’écart de la meute. Sortir de l’amitié masculine (Marabout, 2021), poursuit avec ce manuel son travail pour déconstruire les normes sociales patriarcales et donner des clés aux jeunes hommes pour se construire en respectant les autres. Les dessins, les idées mises en images (selon les principes de la facilitation visuelle1) et les scénettes mises en cases de Sarah Loulendo apportent une touche de modernité et de diversité, rendant le contenu encore plus accessible et engageant pour les jeunes lecteurs.
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (ÉVRAS) en Belgique a évolué depuis les années 1970 : apparue d’abord dans quelques écoles volontaires, elle a été renforcée par les programmes de télévision scolaire, les initiatives pédagogiques progressistes et reconnue comme une des mission de l’école en 2012. Mais depuis toujours, l’ÉVRAS fait face à l’opposition de milieux conservateurs et d’associations religieuses qui contestent l’éducation sexuelle et la promotion de l’égalité des genres. Aujourd’hui encore, certaines voix continuent de s’y opposer, craignant que l’éducation antisexiste et inclusive ne remette en question des normes traditionnelles.
Dans la même veine qu’Être garçon, la masculinité à contre-courant (Éditions du Ricochet, 2024), Y’a plein de manières d’être un garçon est un ouvrage indispensable pour offrir aux jeunes garçons une éducation plus inclusive et respectueuse des valeurs féministes. Il est à mettre entre les mains des parents et grands-parents qui souhaitent accompagner les garçons dans un monde plus égalitaire2. On ne peut que regretter que les générations précédentes n’aient pas eu accès à un tel manuel dans leur jeunesse, mais il n’est jamais trop tard pour le découvrir et le partager.
En lisant (parfois à voix haute à Mattia, 8 ans, qui a la grande chance d’avoir des ateliers d’ÉVRAS chaque année depuis la maternelle dans son école laïque et bien qu’il soit encore un peu jeune pour tout lire par lui-même), une question nous a taraudée : comment serait la société d’aujourd’hui si les garçons des années 1990 avaient été éduqués selon les principes et valeurs énoncés dans Y’a plein de manières d’être un garçon ? On y trouverait certainement plus de respect dans les relations, moins de domination toxique, et une génération de jeunes hommes bienveillants, à l’écoute et prêts à déconstruire le sexisme autour d’eux.
- Lire à ce sujet Mehdi Toukabri, « Profession : facilitateur visuel », dans EDL · Espace de Libertés, no 522, rentrée 2025, pp. 83-85.
- Amélie Dogot, « L’éducation antisexiste des garçons : un chantier », dans Espace de Libertés, no 487, mars 2020.
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