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Tox en toc
Donald Trump
et le complotisme
comme arme politique
François Debras · Professeur associé à l’ULiège, maître assistant à l’HELMo et chargé de cours à l’Université Sorbonne Nouvelle
Mise en ligne le 18 décembre 2024
« À Springfield, ils mangent des chiens, les gens qui viennent (les migrants), ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants », « Kamala Harris reçoit les questions des débats à l’avance » : autant de déclarations-chocs qui ne circulent plus uniquement sur des forums Internet, mais qui sont désormais relayées par des figures politiques dominantes de la vie américaine.
Photo © Danny Oliva/Shutterstock
Les discours complotistes mettent en scène un petit groupe d’individus puissants et malveillants cherchant à maximiser leur pouvoir au détriment des citoyen.ne.s. Depuis plusieurs années, Donald Trump et ses proches relayent diverses théories du complot, les faisant passer de récits marginaux à des outils discursifs de polarisation et de mobilisation.
Bien plus que de simples tromperies, ces conspirations sont de puissants leviers de manipulation. Si les mensonges peuvent être réfutés par des preuves, les théories du complot, elles, sont imperméables aux faits et à la critique. Au contraire, elles s’en nourrissent, toute tentative de les contester étant perçue comme une forme de participation au complot.
En 2020, au lendemain des élections présidentielles, Donald Trump refuse de reconnaître sa défaite et d’accepter la victoire de Joe Biden. Il conteste les résultats du vote (ce qu’il continue de faire aujourd’hui), et parle de fraude électorale. Même si aucune preuve ne soutient sa théorie, ce récit devient un critère d’appartenance à un groupe. Avec lui ou contre lui. Les discours complotistes de Donald Trump lui permettent ainsi d’assurer la cohésion de son électorat autour de sa personne. Tout.e.s celles et ceux qui remettent en cause ses propos sont des traîtres, des ennemis.
Cette arme discursive n’est pas coûteuse politiquement, elle est un atout. Les orateur.rice.s ne se soucient pas de convaincre les journalistes. L’essentiel est que celles et ceux-ci relayent l’information, en bien ou en mal, peu importe. La pratique permet aussi de contourner le filtre des médias traditionnels pour s’assurer une pleine résonance sur les réseaux sociaux en touchant certains groupes spécifiques et certain.e.s donateur.rice.s. Donald Trump n’a pas inventé les théories du complot, il les utilise comme des armes.
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