Totalitarisme :
polysémie d'un concept

Publié dans la collection « Neuf essentiels » par Culture & Démocratie en partenariat avec Arsenic2 dans le cadre de ses recherches sur la dramaturgie du XXI^e siècle, cet ouvrage collectif trouve notamment son origine dans une réflexion autour des mesures adoptées par les gouvernements en réponse à la pandémie de Covid-19. Comme le précise Maryline Le Core, coordinatrice de l’ASBL, dans son avant-propos, Culture & Démocratie conçoit une partie de ses publications en étroite collaboration avec des artistes, des compagnies − ou ici un centre dramaturgique − qui inscrivent leur démarche de création dans une recherche documentaire à forte dimension politique et sociale.

Apparue dans les années 1920 en Italie, l’idée totalitaire s’est structurée comme théorique politique durant l’entre-deux-guerres. De nos jours, elle est encore couramment utilisée pour désigner des situations de domination abusive. Comme l’indique Thibault Scohier dans son introduction, « le terme totalitarisme est aujourd’hui largement galvaudé », servant régulièrement dans le débat public à disqualifier le discours politique adverse. Il couvre cependant une multitude de définitions et de concepts. Le propos de l’ouvrage est d’en offrir une approche diversifiée, sans prétendre à l’exhaustivité. Il entend également proposer des outils pour aider à comprendre les forces et les faiblesses de cette notion.

Au fil de ses pages, il explore les différents sens et usages du totalitarisme, depuis son apparition jusqu’à nos jours. Le livre se présente sous la forme d’une compilation de douze notices bibliographiques, allant d’œuvres fondatrices telles celles d’Hannah Arendt et Raymond Aron jusqu’à des essais plus récents dont ceux de Barbara Stiegler, Bernard Charbonneau ou encore Naomi Klein. Deux articles sont également consacrés à l’apport des dystopies littéraires par l’évocation des romans de Georges Orwell et Alain Damasio qui rendent le concept accessible à un plus large public par leur représentation de sociétés dirigées par une pensée totalitaire.

Dans sa postface, Roland de Bodt, directeur de recherche à l’Observatoire des politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles et membre de l’AG de Culture & Démocratie, invite à l’actualisation de ce concept face aux nouveaux types de dominations exercées par les grands groupes industriels auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés.