Un concept caméléon

Discutés, disputés, parfois malmenés, nos systèmes démocratiques sont actuellement traversés par plusieurs crises : légitimité, représentation… Rien de bien nouveau pour autant, nous rappelle François Debras, professeur associé au Centre d’études Démocratie de la faculté de Droit, de Science politique et de Criminologie de l’Université de Liège (et dont le nom vous est probablement familier puisqu’il nourrit notre rubrique « Tox en toc » depuis février 2022), dans ce très pédagogique essai. En effet, dès son apparition dans la Grèce antique, la démocratie fut l’objet de contestations et son acception n’a pas manqué de fluctuer au gré des époques, des lieux et des protagonistes.

De nos jours, tant sur l’échiquier politique où chacun.e, quelle que soit son obédience, définit son projet comme démocratique, que dans le reste de la société, se proclamer démocrate semble aller de soi. S’agit-il dès lors d’une conception unanimement partagée ? Il n’en existe pourtant pas de définition consensuelle et arrêtée par la communauté scientifique, relève l’auteur.

Pour mieux comprendre, il propose ici d’en revenir aux fondamentaux, ouvrant son ouvrage par une déconstruction du concept, poursuivant ensuite par un décryptage de ses diverses approches : régime politique, forme de société ou encore outils démocratiques, sans oublier une mise en perspective historique utile de la contestation du système démocratique. Loin de prétendre en apporter la définition ultime et imparable, il entend surtout fournir les clés de décodage et d’analyse permettant à tout un chacun de mieux saisir les enjeux du vivre ensemble dans notre société.

L’ouvrage se termine sur une série de citations en lien avec la démocratie dont le sagace avertissement d’Albert Camus, d’une criante actualité : « Faite attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles. »

Un essai bienvenu pour faire le point en tout esprit critique sur ce concept caméléon et qui nous incite à prendre une part active aux débats actuels sur l’avenir de notre démocratie.