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Esprit critique
et positions individuelles
François Debras · Professeur associé à l’ULiège, chargé de cours à la Sorbonne Nouvelle et maître assistant à HELMo
Mise en ligne le 26 mars 2025
D’après un rapport du Conseil de l’Europe, deux tiers des citoyens de l’UE sont exposés aux fake news chaque semaine. Plus de 80 % y voient une menace pour la démocratie, et la moitié des 15-30 ans estiment nécessaire d’acquérir des compétences en analyse critique pour y faire face1.
Photo © Svetazi/Shutterstock
Dans une époque où l’information circule rapidement, développer un esprit critique est essentiel. Prenons la théorie de la Terre plate. Pourquoi cette idée continue-t-elle de prospérer ? Les platistes mobilisent des récits accrocheurs, jouant sur la méfiance envers les institutions et une volonté de « révéler la vérité ». Leur contenu, relayé par des algorithmes, attire davantage de réactions que les rapports scientifiques. Les informations les plus diffusées ne sont pas nécessairement les plus fiables.
Il faut donc se poser les bonnes questions : qui publie ? Quelle expertise ? Un article doit être lu dans son intégralité, en analysant son angle et ses objectifs : information ou influence ? Les émotions peuvent biaiser notre jugement. Une image choquante ou un titre alarmiste captent notre attention. Pour structurer notre réflexion, la méthode des trois passoires de Socrate reste intemporelle. Avant de partager une information, demandons-nous si elle est vérifiée, bienveillante et utile. La vérification garantit l’intégrité de ce que nous relayons ; la bienveillance en questionne l’impact sur autrui ; et l’utilité nous invite à privilégier ce qui apporte une réelle valeur.
Cependant, adopter un esprit critique ne signifie pas tomber dans un scepticisme excessif. Le doute doit être un levier pour approfondir, et non pour tout rejeter. De même, consulter des sources variées permet d’enrichir nos connaissances en évitant les pièges des biais cognitifs. En encourageant des pratiques de vérification et de réflexion, nous contribuons à une société plus résiliente. Plutôt que de partager des réponses toutes faites, transmettons des outils pour penser. L’esprit critique ne se décrète pas ; il se cultive, dans l’échange et la curiosité. En somme, être critique, c’est accepter de douter, mais aussi de chercher des réponses fondées. Ce n’est pas seulement rejeter ce qui ne nous convient pas, mais se doter des moyens de mieux comprendre.
- Union européenne, « Fake news and disinformation online », mis en ligne sur europa.eu, mars 2018.
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